En mai 2016 le Royaume-Uni s’est ému du licenciement d’une jeune femme, pour son refus de porter des talons hauts sur son lieu de travail. À tort, les journaux français l’ont présentée en tant que «réceptionniste» une mauvaise traduction puisque «réceptionniste» en anglais et dans ce contexte signifie «hôtesse d’accueil».
Pourquoi est-ce si difficile de se conformer à une image prédéterminée ? Quels enjeux se jouent derrière cette obligation ?
L’uniforme que portent les hôtesses d’accueil en entreprise est l’héritage du costume que portaient les grooms du début du siècle passé. Sans poste de travail attitré, ils se devaient de porter un uniforme particulièrement voyant pour être repérables en un coup d’œil.
Aujourd’hui, cette tradition mêlant accueil et uniforme a perduré alors que le rôle des hôtesses s’est considérablement étoffé. On exige des candidates-hôtesses de multiples compétences, telles qu’une excellente maîtrise de l’anglais (voire d’une 3ème langue), un français soutenu, la capacité de se servir de plusieurs logiciels, une grande réactivité et du sang-froid, et pourtant les tenues qui leur sont imposées ne laissent apparaître que leur mission de représentation, aussi réductrice qu’ultra féminisée.
Au-delà de cette absence de choix, l’ultra standardisation de l’apparence des hôtesses est également problématique. La volonté exprimée qu’elles soient toutes habillées et apprêtées de la même façon montre qu’il est question de les faire passer pour interchangeables, d’effacer ce qui les rend uniques, et de les fondre dans le décor.
Ainsi, si l’on peut admettre l’importance du branding pour une grande entreprise, il serait bon d’envisager plus d’options quant à la présentation des hôtesses, car l’accueil étant essentiellement un métier de service, la qualité de celui-ci dépend nécessairement de leur bien-être et de leur motivation.