Avant le confinement que nous connaissons actuellement, les articles sur les nouveaux modes d’organisation spatiale du travail se multipliaient à mesure que les tiers-lieux et les espaces de coworking se déployaient sur l’ensemble du territoire national. Les 20-25 ans étaient tenus pour être les plus enclins à vouloir travailler dans ces nouveaux espaces, mais qu’en était-il vraiment ? Et surtout, le home-office forcé dont nous faisons tous l’expérience aujourd’hui nous amènera-t-il à envisager ces nouveaux espaces comme des alternatives plus intéressantes que nos propres foyers, des lieux propices à accueillir le travail de toutes les générations, et pas uniquement celui des plus jeunes ?
Plusieurs raisons incitent à associer ces nouveaux espaces aux plus jeunes générations. En premier lieu, certains étudiants se projettent davantage en entrepreneur plutôt qu’en salarié, or en début de vie active ils n’ont pas nécessairement un lieu pour y organiser une activité professionnelle. Ensuite, beaucoup d’entre eux ont conscience de la nécessité de se bâtir un réseau professionnel solide, or les espaces de coworking se veulent être des endroits propices à ce genre de rencontres. Enfin, la plupart des établissements d’enseignements supérieurs, disposent de tels espaces.
En Octobre 2019, nous avons lancé une étude pour évaluer les besoins du territoire Normand en création de tiers-lieux et d’espaces de coworking, d’où plusieurs grandes tendances se sont dégagées.
Concernant les espaces de coworking, un peu plus de la moitié des interrogés – 52% – font une confusion entre ce terme et celui d’open-space, effaçant par là-même l’une des particularités majeures des coworking : l’accueil d’individus quelle que soit l’organisation pour laquelle ils travaillent, et quel que soit leur statut. Toutefois, 28% ont su plus ou moins énoncer les principales caractéristiques de ce type d’espace, pour eux synonyme d’un « espace partagé où les gens se rencontrent », ou encore d’un « espace où tout le monde peut travailler avec une amplitude horaire choisie », où il s’agit de « travailler en groupe dans un espace partagé permettant de booster la créativité », et de « partager les connaissances/réseau travail ». Enfin, 10% associent le concept de coworking avec d’autres notions, notamment celles « start-up » et de « jeune entrepreneur ».
En revanche, 76% se sont totalement abstenus de définir ce qu’est un « tiers-lieu ». Seuls 14% ont été capables d’apporter des éléments de réponse, comme : « un lieu entre le boulot et la maison », « troisième lieu pour travailler après la maison et le lieu de travail ».
Après la crise sanitaire que nous sommes en train de traverser, il est certain que les nouvelles formes d’organisation spatial du travail seront davantage au cœur des débats, et pas uniquement pour les jeunes générations. Les entreprises optant de plus en plus pour la solution du Flex-Office et pour ses bureaux dépersonnalisés, il est certain que le home-office va continuer de se développer.
Néanmoins, ces dernières semaines, nous avons tous fait l’expérience de ce que peut être le home-office effectué à domicile et à haute dose, et toutes les générations en ont durement éprouvé les limites : peu ou pas de place à la maison, des difficultés pour s’isoler et se concentrer, une connexion internet aléatoire, sans parler de notre grand besoin de vie sociale, d’échanges avec l’Autre.
Or, face au domicile, les tiers-lieux et autres espaces de co-working ont pour eux de grands atouts : des espaces sécurisés et véritablement pensés pour accueillir le travail, tant individuel que collectif, une connexion de qualité et sécurisée, une vie culturelle généralement riche car ponctuée d’événements et, bien entendu, des lieux de rencontres pour tout profil de travailleurs, sans limite d’âge.