Nous vivons actuellement une période inédite de crises impactant la société tout entière. Dans ce contexte exceptionnel, le bâtiment dans lequel nous consacrons l’essentiel de nos activités personnelles ou professionnelles, devient le lieu primordial des transformations à venir. Comment concilier bien-être, sobriété et acceptabilité pour produire un bâtiment désirable par tous ? tel est le thème de cette tribune (dont la deuxième partie sera publiée la semaine prochaine).
À lui seul, le bâtiment a la capacité de fournir les outils de résilience : une conception bioclimatique ingénieuse avec un emploi raisonné de matériaux éco-sourcés et d’énergie permet l’économie de ressources et la frugalité de sa construction ou de sa rénovation ; une démarche d’ouverture où la maîtrise d’usage des données génère le développement d’une économie de la donnée basée sur l’open data et l’interopérabilité, et sur un écosystème numérique vertueux et respectueux des libertés individuelles ; «selon le modèle d’économie de la fonctionnalité, ce n’est désormais plus la propriété des biens qui est proposée mais son usage» (Source Batiactu – 04/09/2018).
Economie de ressources
La frugalité permet une approche multidimensionnelle du bâtiment : à la fois humaine et sociale, participative et écologique, elle prône l’économie de ressources et s’affranchit du carcan des référentiels et des normes, explique Alain Bornarel, ingénieur au sein de Tribu, bureau d’études spécialisé dans l’approche développement durable des projets urbains et des bâtiments. Il s’est associé à deux autres professionnels de la construction, l’architecte-chercheuse Dominique Gauzin-Müller et l’architecte-urbaniste Philippe Madec pour rédiger le «Manifeste pour une frugalité heureuse» qui défend une approche low tech avec la remise au goût du jour de savoir-faire ancestraux, qui ne signifie pas une absence de technologies mais je cite «le recours en priorité à des techniques pertinentes, adaptées, non polluantes ni gaspilleuses, comme à des appareils faciles à réparer, à recycler et à réemployer». Aux pratiques d’aménagement du territoire génériques et productivistes, destructrices des ressources naturelles, il est temps de restituer une réflexion de ménagement du vivant qui tient compte de la spécificité de chaque situation.