L’épisode de télétravail subi au printemps 2020 a laissé des traces indéniables dans les vécus mais aussi dans les attentes des salariés. Des recherches récentes, menées dans la métropole grenobloise sur 52 salariés, durant et après le confinement, ont clairement établi que ces transformations impactent et bénéficient de façon très différenciée aux salariés, mettant en évidence des inégalités très fortes entre femmes et hommes : la santé mentale et bien-être, la répartition du travail domestique et de la charge mentale, l’emploi, le temps de travail ou encore le revenu. Elles font aussi ressortir des inégalités de nature plus socioéconomiques.
Les salariés semblent avoir adopté plutôt facilement le télétravail, même si la question du lien social interroge : plus de 55 % des personnes considèrent qu’elles sont clairement plus efficaces en télétravail. Elles apprécient la flexibilité des horaires, ne plus avoir à faire le trajet domicile-travail et disent réussir à bien articuler leur vie personnelle et professionnelle ; toutefois, 33 % des personnes ont un domicile mal agencé pour le télétravail ; seulement 16 % disposent ainsi d’un bureau dédié dans leur logement ; en outre, 62 % des personnes expriment aussi des difficultés concernant le maintien de leurs liens sociaux même si elles apprécient en majorité de ne plus être dérangées par diverses sollicitations.
Le lieu de vie peut donc être une ressource de l’activité professionnelle mais aussi un obstacle, notamment pour ceux qui ont des espaces de vie précaires.
On constate également que la période post-pandémie a accru la flexibilité sans réellement répondre aux aspirations d’une partition différente entre temps de travail, temps pour les proches, pour le loisir et l’engagement, ni d’un meilleure équité hommes-femmes.
Par conséquent, dans un contexte d’inflation marquée, de quête de performance accrue et d’hyper flexibilité, le vécu du travail post-pandémie remet sur la table la question de la responsabilité de l’employeur sur le plan de la qualité de vie de ses employés. Et plutôt que de tracer une limite étanche entre la sphère professionnelle et la sphère personnelle, les entreprises devraient développer une approche plus transversale de la question du bien-être et du traitement des inégalités, et identifier de nouveaux leviers d’action.