Nous sommes aujourd’hui habitués à l’apport des technologies pour assurer la sécurité des locaux de nos entreprises (badges, caméras, détecteurs de feu), mais qu’en était-il au siècle passé ?
En 1912, une grande banque française venait de se doter d’une Agence Centrale faisant également office de Siège Social, au cœur du quartier d’affaires de Paris. Cet espace, à la fois lieu de travail pour une centaine de salariés et lieu de réception pour une clientèle aisée, anxieuse d’y déposer ses effets de valeur, était maintenu en entrée libre toute la journée. La sécurité y était d’autant plus difficile à assurer que ce bâtiment possédait trois entrées.
En premier lieu, la Direction organisa les flux des salariés en tirant profit des entrées multiples. Ainsi, si tous les salariés devaient arrivés entre 9h et 9h10 précises – c’est-à-dire avant l’heure d’ouverture pour les clients – les femmes devaient emprunter une entrée et les hommes une autre. Puis, les chemins qu’ils devaient suivre pour se rendre à leur bureau étaient strictement définis et nul ne pouvait prendre une autre voie : des surveillants s’en assuraient et relevaient au besoin les noms des contrevenants pour un rapport au Chef du Personnel.
Pour la surveillance du vaste rez-de-chaussée où la clientèle se pressait, plusieurs agents représentant différents métiers tels que brigadiers, surveillants, garçons et grooms, étaient stratégiquement placés pour couvrir constamment la zone sans laisser la moindre zone d’ombre. Tous devaient se montrer attentifs même si certains d’entre eux, les grooms notamment, assuraient également une mission d’accueil (parfois bilingue). De fait, leur œil était leur principal outil de travail, et leurs consignes étaient claires : il fallait continuellement observer le comportement de chacun de manière discrète : est-ce que la personne se rend directement au guichet ? Observe-t-elle les lieux ? Est-elle nerveuse ? En ultime recours, les guichetiers disposaient d’armes à feu sous leur comptoir, et ils pouvaient en faire usage s’ils étaient menacés.
Enfin, lorsque les portes de l’agence se fermaient après le départ des salariés à 17h, les équipes de nuit venaient assurer la relève. Un gardien restait présent jusqu’au matin. Des rondes étaient organisées avec garçons et pompiers pour prévenir tout départ de feu. Enfin, si des salariés devaient exceptionnellement rester le soir travailler dans un bureau, on leur remettait un jeton qu’ils devaient resituer en partant. Ainsi le gardien savait précisément qui se trouvait dans les locaux à tout instant.