Chroniques - Facilities, site du Facility management Chroniques

  • "Nous n'avons plus d'excuses " (1/2)

    Stanislas Pottier, Président de l’Association pour le développement du Bâtiment

     - Facilities, site du Facility management

    C’est un fait avéré. Le bâtiment est responsable de plus du quart des émissions carbone en Europe. Il est par conséquent devenu vital de s’engager dans des stratégies bas carbone ambitieuses.

    L'enjeu est triple. Les professionnels du secteur doivent agir sur la limitation des émissions, du captage et du stockage du carbone déjà présent dans l’atmosphère. Un autre impératif concerne l’adaptation aux dérèglements/réchauffement climatiques que nous ne pourrons éviter.

    En France et en Europe, les investisseurs exigent désormais la mise en œuvre de critères d’efficacité carbone et de plans de transition. Foncières cotées, sociétés de gestion immobilière ou investisseurs institutionnels doivent répondre à des dispositifs de reporting de plus en plus exigeants en matière d’impact sur le climat, de même qu’à une pression croissante de leurs clients et de la société en général.  L’appréciation de la valeur d’une entreprise intègre désormais sa performance environnementale et sociale, avec une priorité accordée à la performance climat.

    Une évolution dont les conséquences se répercuteront aussi sur l’assurabilité des bâtiments, autre enjeu stratégique de ces prochaines décennies !

    Nous n’avons plus d’excuse. Les solutions techniques alternatives existent pour une urbanisation plus responsable : sobriété de la conception, utilisation de matériaux bas carbone et biosourcés, réemploi, recyclage, circuits courts, … permettent un bâti plus performant, limitent les consommations énergétiques et engendrent une fin de vie plus vertueuse (plus de rénovation, moins de déchets, …).

    Comment on s’organise ? Nous devons inventer une nouvelle économie politique, une économie de « guerre » au sens où la contrainte extérieure surdétermine nos choix dans un contexte géopolitique et géoclimatique tendu : la rareté, la sobriété, le carbone. Et accepter des rendements moins élevés...

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  • Le numérique au service de la résilience de nos territoires (2/2)

    Alain Peuvot, Consultant pour la transformation écologique du batiment

     - Facilities, site du Facility management

    Penser le ménagement des territoires pour le bien-être et le mieux-vivre ensemble, c’est à la fois prendre en compte toute sa complexité en admettant qu’on a besoin de plein d’outils, ceux issus de l’IA comme ceux produits de notre intelligence collective, et accepter aussi de bifurquer radicalement vers un autre modèle économique qui fait la part belle à la croissance régénérative. Il y a aujourd’hui urgence à repenser notre modèle de développement économique au regard des contraintes que l’on a sur la disponibilité des ressources naturelles de la planète. L’économie symbiotique semble être une piste sérieuse à explorer.

    Dans son livre « L’économie symbiotique » publié chez Actes Sud en 2017 sous la direction de Cyril Dion, l’ingénieure agronome et théoricienne Isabelle Delannoy donne sa propre définition : « La symbiose est le mécanisme le plus puissant et le plus subtil du vivant. Elle est cet espace intangible entre deux êtres qui trouvent dans leurs différences leurs complémentarités. Boucle de source et ressource née des synergies, elle est le lien intime qui nourrit, n’appartenant ni à l’un ni à l’autre et à tous en même temps. » L’ouvrage présente une analyse innovante des nouveaux modes de production et d’organisation économique ayant émergé ces cinquante dernières années et montre qu’ils forment une seule et même économie, apparue de façon cohérente et non concertée dans le monde.

    Isabelle Delannoy expose une synthèse se servant des écosystèmes et du partage de l’intelligence collective : permaculture, agroforesterie, production durable, circuits courts solidaires, biomimétisme, matériaux biosourcés, ingénierie écologique, interopérabilité, open-data, économie collaborative, monnaies locales complémentaires, … En associant les bénéfices de chacune d’entre elles et en trouvant le principe commun, elle parvient à des résultats époustouflants. Dans de nombreux domaines, nous pourrions réduire de plus de 90 % notre utilisation de matière tout en redéveloppant les capacités productives des territoires. Nous pourrions créer des cités autonomes en eau, en énergie...

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  • Le numérique au service de la résilience de nos territoires (1/2)

    Alain Peuvot, Consultant pour la transformation écologique

     - Facilities, site du Facility management

    La ville porte l’ambition d’être l’espace précurseur des nouvelles pratiques en matière d’aménagement du territoire, notamment au regard des défis environnementaux et sociaux. Comme à l’échelle du bâtiment, la sobriété choisie est un axe indispensable à suivre pour les transformations à venir.  Pour cela, elle doit être soutenue par des solutions technologiques et numériques innovantes.

    La recherche d’une résilience territoriale pourrait être un vecteur d’une transition globale. Elle implique cependant un processus de réforme profonde de nos modes de vie, de nos institutions et de notre fonctionnement économique. Qu’elle soit low tech pour aller vers plus de sobriétés ou high tech au travers de services numériques indispensables, la fabrique urbaine doit engager le plus rapidement possible des métamorphoses structurantes.

    Face au dérèglement climatique et aux déséquilibres écologiques de la planète qu’il engendre, les territoires se doivent d’anticiper, de se préparer, de résister et de s’adapter à ces nouvelles conditions. Le bon usage et l’analyse fine des données restent essentiels mais sont désormais complétés de véritables outils de prises de...

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  • Dépasser la fascination pour le pouvoir supposé des chiffres

    Xavier Baron, Chercheur intervenant BCRH et Coordinateur CRDIA

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    Les instrumentations gestionnaires chiffrées ignorent les intentions et finalités de valeur (santé, sécurité, bien-être…) pour se focaliser sur des exigences de conformités. C’est leur rôle, mais ce faisant, ce qu’exigent les services en termes de coopération, de confiance et de relation, sont mal soutenus par les processus d’achat et de contrôle dont nous héritons. Coûteux en transactions improductives, ils renforcent la défiance et réduisent la visibilité des services et du travail réel[1]. La seule voie de « productivité » pensable consiste alors à « réduire » les coûts, entrainant l’ensemble dans une spirale mortifère.

    Dans les services aux environnements de travail, les outils à base de Services Level Agreement’s, Key Performance Indicator’s, clauses de progrès et autres contrôles de conformité sur données chiffrées…, réduisent des relations à des prestations dimensionnées en fréquences, durées, délais, effectifs. Les services sont réduits à des commodités, lesquelles sont toujours trop chères. Les accords commerciaux sont mis en œuvre comme des contrats de moyens. Ils sont pourtant le plus souvent libellés en obligations de résultats impossibles à mesurer. Ces services délivrent des prestations à exécution successive, toujours singulières. C’est une caractéristique ignorée par les contrats qui ne connaissent que des standards moyennisés. Ce sont des activités indispensables qui exigent une ingénierie sociale complexe et délicate. Elles sont socialement dévalorisées, réputées sans qualification et à faible valeur ajoutée.

    Ce sont des résultats d’un fantasme, celui d’une possibilité de « gouvernance par les nombres (…), le rêve ancien de pouvoir gouverner les hommes comme on gère...

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  • De la réglementation de la sécurité privée à la réglementation en général

    Cédric Paulin, Secrétaire général du GES

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    Souvent la sécurité privée est regardée ou perçue comme un secteur à part. Sa réglementation est pensée comme spécifique et indépendante des autres réglementations, avec 181.000 salariés et 3.500 entreprises, une convention collective dédiée, une réglementation publique dédiée, une autorité de contrôle propre.

    Pourtant sa législation est loin d’être déconnectée des autres évolutions législatives connues de l’ensemble de l’économie et de la société. Elle est même, ces dernières années, en avance au point où l’on pourrait penser que la sécurité privée sert de laboratoire pour des mesures qui seront ensuite élargies.

    Ainsi les mesures concernant la sécurité privée issues de la loi « Sécurité globale » du 25 mai 2021 (loi n° 2021-646 du 25 mai 2021 pour une sécurité globale préservant les libertés) sur les obligations pour les ressortissants étrangers souhaitant accéder à la sécurité privée : d’un titre de séjour d’au moins 5 ans ; de la connaissance suffisante de la langue française, justifiée par un diplôme de niveau 3 ou par un test B1 ; de la réforme de la formation professionnelle et l’obligation de signes communs et distinctifs sur les tenues des agents, ont été reprises par le débat public ou la législation dans d’autres domaines d’activités économiques, sociaux, de la nationalité ou encore éducatives...

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