Après le confinement, le reconfinement et le retour de l’attestation de déplacement dérogatoire. La différence c’est que les enfants vont à l’école et surtout que l’on peut sortir la journée pour aller travailler… si l’on a encore un travail. Un régime de semi-liberté. Et comme les bars, restaurants, magasins et salles de spectacle sont fermés, le samedi ressemble au dimanche : c’est l’ennui !
À quoi bon vivre dans ces conditions, plus ou moins privés de toute vie sociale ? «Le malheur des hommes vient d’une seule chose, écrivait Blaise Pascal dans ses Pensées, qui est de ne savoir pas demeurer dans une chambre.» Une citation déjà copieusement reprise pendant le confinement. On se plaint d’être overbooké, épuisé par la charge mentale, le travail et quand on a enfin un moment «à soi» on ne sait pas quoi en faire. Mais l’esprit ne peut pas rester en repos. Comme le suggère Pascal lui-même, quand on ne fait rien, on ne pense pas à rien mais on pense au rien, au vide, au sens de la vie ou à son non-sens. Alors on préfère éviter d’y penser.
Il faudrait donc savoir s’ennuyer et rester à ne rien faire mais pourquoi faire ? Comme le remarque le philosophe anglais Bertrand Russel dans La conquête du bonheur, le cerveau humain a besoin de repos comme la terre : trop de travail et de distractions, épuisent notre énergie. On a besoin «d’endurer une monotonie féconde».
Il n’est pas tout à fait inutile de laisser à son esprit un peu de liberté. L’ennui du reconfinement, c’est peut-être l’occasion de réfléchir un peu pour inventer l’avenir, créer un monde nouveau pour soi-même et pour tous, différent de celui qui nous a justement conduits jusque-là, à se voir imposer des attestations de déplacement.