C’est IBM qui a relancé la polémique, en 2017, en partant en croisade contre le télétravail pourtant adopté par 40 % de ses 386.000 salariés. Quelques mois après avoir pris la tête du marketing d’IBM, Michelle Peluso annonçait la fin du télétravail pour les 5.500 employés de son département, en déclarant : « Il n’y a qu’une seule recette que je connaisse pour le succès, face à la concurrence de Microsoft et des compagnies de la Côte Ouest : rassembler nos employés, qui sont formidables et compétents, mettre à leur disposition de bons outils, leur donner une mission, s’assurer qu’ils puissent analyser leurs résultats, les mettre dans des lieux vraiment créatifs et inspirants et les laisser travailler». Chacun devait se rattacher à l’un des 6 centres américains : Atlanta, Raleigh, Austin, Boston, San Francisco ou New York dans les 90 jours, … ou chercher un emploi à l’extérieur.
La société avait autorisé le travail à distance dès les années 1980. En 2008, IBM indiquait avoir réduit sa surface de bureaux au niveau mondial de 700.000 m², et avoir tiré de cette vente une plus-value de 2 Mds de dollars. D’aucuns expliquent ce retournement par le fait que les résultats d’IBM sont en baisse depuis 21 trimestres et qu’il s’agit de donner un coup de rabot aux effectifs. Peut-être, mais on peut aussi supposer que le télétravail s’est, à la longue, traduit par une baisse de l’efficacité et de la performance des équipes. On notera que chez nombre de sociétés comme Facebook, Apple et Google qui ont rendu le télétravail possible et facile, on le pratique peu.
À l’opposé, pour beaucoup de startups, le télétravail est la panacée. Automattic, un éditeur de systèmes de gestion de contenu basé à San Francisco, a créé le buzz quand, en début d’année, il a mis en vente son siège social aménagé de la manière la plus hype. Matthieu Mullenberg, le fondateur, a précisé : «Nous avons acquis un bureau il y a six ou sept ans, mais personne n’y va. Il y a autant de tables de ping-pong que de personnes présentes !».
En France, les bienfaits du télétravail semblent aller de soi pour le législateur puisque l’article 21 de l’ordonnance du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail est intitulé Favoriser le recours au télétravail. L’avenir nous le dira.