Une récente étude du cabinet de conseil Eranos pour La Poste analyse la notion de dématérialisation des échanges et distingue les effets du courrier papier et numérique sur celui qui les reçoit.
Au sein des entreprises, de plus en plus de documents se dématérialisent, associés à la fluidité, la simplicité et la gratuité. Pour autant le papier et le numérique sont-ils substituables?
Sans jouer sur les mots, Anthony Mahé, Sociologue et Directeur de la Connaissance d’Eranos estime qu’il ne s’agit pas de dématérialisation mais de « nouvelle matérialité ». Quel que soit le moyen de transmission, il existe toujours un support matériel (smartphone, écran…) et une action physique pour consulter le message. Le papier et le numérique sont donc bien tous deux matériels.
Toutefois, ils n’ont pas les mêmes effets. Certains sont caractéristiques du support papier comme «la ritualisation» de relever le courrier dans la boîte aux lettres, à un moment précis de la journée, favorise l’effet de conviction (être réceptif et attentif au message). S’y ajoutent des effets de considération, de « reliance » (se sentir relié à l’univers de l’expéditeur). Le numérique, de son côté, en raison de l’instantanéité des échanges, provoque l’effet de synchronisation.
Ainsi, papier et numérique ont chacun leur intérêt selon l’effet recherché. S’il s’agit, par exemple de faire passer un message urgent, le numérique sera plus pertinent. Au contraire, pour envoyer un message important, le media courrier sera plus efficace. « Il ne suffit pas de marteler un message un maximum de fois pour qu’il soit audible », poursuit le sociologue. « Surtout quand ce message est noyé dans le flot des e-mails et notifications que nous recevons chaque jour et que nous consultons d’un œil tout en faisant autre chose en même temps ».
En conclusion, non seulement ces deux media apparaissent comme complémentaires mais l’avenir est dans leur hybridation, ce qui permet d’en maximiser les effets.