Pouvoir se déplacer de plus en plus rapidement grâce à la vitesse du train, de la voiture, de l’avion… a modifié nos modes de vie fondamentalement. Mais si voyager toujours plus loin, vite et à bas coût, au quotidien et pour les vacances, exauce les rêves de liberté et de découverte d’une partie croissante de la population mondiale, il y a un revers à la médaille : fatigue, stress, inégalités, fragilité du système, congestion et pollution.
C’est dans ce contexte qu’a surgi l’idée de « démobilité ». Un concept qui ne cherche plus à traiter la demande de mobilité par une offre supplémentaire, mais vise au contraire à la baisser à travers des solutions d’évitement des déplacements, notamment ceux qui sont subis et saturent les routes et les transports publics aux heures de pointe.
Le débat sur la « démobilité » va bien au-delà de la question des transports. Elle impacte aussi tous les réseaux logistiques qui permettent de moins se déplacer, mais aussi les rapports de classe.
En effet, les disparités sont grandes, les plus diplômés et les plus riches se déplacent beaucoup plus vite que les autres, et y consacrent plus de temps car ils vont beaucoup plus loin. Loisirs, rencontres internationales ou commerce sont de la partie, pendant que les «classes populaires» se déplacent bien plus souvent (notamment ceux qui ont plusieurs lieux de travail par exemple), plus lentement et y consacrent, pour le travail, beaucoup plus de temps.
En moyenne un Français se déplace 10 heures par semaine et parcourt environ 400 km, soit l’équivalent d’une journée et demi de travail par semaine. Au lieu d’y consacrer 5 jours sur 7, on consacre donc au travail 6,5 jours sur 7.
Il ne faut pas faciliter les déplacements mais retrouver proximité et mixité. Cela ne dépend pas que du ministère des Transports, mais aussi de la Poste, de la Justice, des Impôts, de la direction du Commerce, de la mairie, de l’Education nationale, de la délégation au Tourisme, des représentants syndicaux et patronaux, etc.
Cela ne relève donc pas de l’usage des moyens et de la vitesse mais bien d’un changement dans les rythmes de vie.