L’idée de cet ouvrage – « Les entreprises à l’heure du Flex-Office » (L’Harmattan, 2020) est venue de la double constatation que cette forme d’organisation spatiale du travail se retrouvait souvent mobilisée dans des entreprises où on ne l’attendait pas forcément (avec plus ou moins de succès), et qu’il n’existait pas jusqu’à présent d’ouvrage dédié au sujet, à la fois indépendant et Français.
Or, ce qu’implique le Flex-Office – en finir avec un bureau bien à soi sur son lieu de travail – est loin de laisser indifférent, c’est pourquoi il paraissait important de jeter les bases d’une discussion, en rappelant au préalable ce que la science dit des relations dialectiques de l’homme à son espace de travail et les incidences que celles-ci peuvent avoir sur son engagement, sa motivation et son sentiment d’appartenance à l’organisation.
La science pour comprendre les enjeux de l’espace
La première partie de l’ouvrage est donc consacrée à la vulgarisation scientifique, car à côté de l’architecture, d’autres disciplines se sont intéressées à l’espace social : la philosophie, la psychologie environnementale, la géographie, la sociologie et naturellement les sciences de gestion avec, notamment, le développement du courant de la socio-matérialité. Toutes ont contribué à la production de grilles d’analyse permettant de mieux saisir les enjeux de l’aménagement des espaces de travail : tant du côté des entreprises avec leurs multiples ambitions managériales qu’elles tentent de faire porter à l’espace (créativité, transversalité…), que du côté des individus avec notamment la notion d’affordance qui façonne le comportement de chacun et incite (ou pas) aux relations informelles. Citons aussi les phénomènes d’appropriation et de territorialisation qui résonnent avec la construction et le maintien de l’identité en milieu organisationnel, ou encore la résistance.
La parole aux usagers
Une fois ces considérations posées, la deuxième partie de l’ouvrage décrit six cas emblématiques d’application du Flex-Office (qu’il porte ce nom ou que l’on parle de « Nomadisme » ou de « Clean Desk », le principe reste le même) dans des entreprises implantées en France et toutes très différentes les unes des autres : siège, centre de distribution, établissement public, etc.
Pour ces présentations, le parti pris est clair : autant que possible, laisser la parole à ceux qui travaillent quotidiennement dans ces espaces, car ils sont les plus légitimes pour en parler. Les entretiens étant exploratoires, les personnes interrogées ont pu développer ce qu’elles souhaitaient, ce qui a permis de faire émerger des dysfonctionnements, des points positifs et des pratiques parfois inattendues (réappropriation des bureaux, placement stratégique…). L’idée fondamentale de ce livre – qui est court – n’est pas d’apporter des réponses définitives, ni de condamner ou d’encenser le Flex-Office, mais au contraire d’instaurer un dialogue en proposant des pistes de réflexion à l’ensemble des acteurs.